Citation

"Grâce à la liberté dans les communications, des groupes d’hommes de même nature pourront se réunir et fonder des communautés. Les nations seront dépassées" - Friedrich Nietzsche (Fragments posthumes XIII-883)

D




Dangers (domestiques)
Decency (Common)

Défense
Déni (de réalité) et affabulation
Déni (le mécanisme du)

Déontologie 
Déposition (en général)
Déposition (en général)
Désastre (judiciaire)
Désinformation

Détective privé
Deuil
Deux poids, deux mesures
Diable
Diagnostic (différentiel ou d'exclusion)
Dieu
Diffamation
De la diffamation ici et ailleurs 
Dilemme (faux)
Discrépance
Disparition (constat)

Disparition (de corps)
Disparition (de mineur)
Doctrine v Théorie (voir Théorie)

Documentaire
Dommages

Don
Données (transmission internationale de) 

Doute
Doute (raisonnable)
Doxa MC (la)
Drame
Droits (de l'homme)
Droit (au silence)



Dangers (domestiques)
L'appartement contenait tous les dangers présents dans une maison et une véranda sans hauts garde-fous, accessible aux enfants s'ils se réveillaient. Les enfants trouvent très rapidement quelque chose de dangereux à toucher ou à ne pas faire.
Kate MC semble avoir eu une certaine conscience de cela car elle dit qu'avant de sortir, elle mettait les médicaments dans un sac muni d'une pince dans sa chambre, dans le placard ou la commode.
Mais elle n'a pas pensé à la cuisine toutefois, où il y avait des objets contondants et coupants.
Aucun des parents n'a remarqué le danger de la véranda pour les enfants.
C'est contre-intuitif de laisser ses enfants seuls. C'est contre l'instinct des parents de laisser un enfant hors portée de voix.

Decency (Common)
Ce concept que l'on doit à Orwell suppose, avant toute éducation éthique et pratique, une forme de moralité naturelle qui s'exprime spontanément sans faire appel à des principes moraux, religieux ou pratiques.

Défense
L'attaque est-elle la meilleure forme de défense? Plutôt que de répondre aux  questions, est-il préférable de rassembler des éléments contre de potentiels suspects et essayer de les faire arrêter ? Vaut-il mieux de leur interdire l'accès à votre page Facebook s'ils posent des questions et les accuser d'être des personnes tristes et solitaires motivées par la haine ou la jalousie ? Le problème avec cette approche est que cette attitude rend les gens encore plus soupçonneux.

Démentir
Démentir, c’est affirmer qu'un tiers n’a pas dit la vérité – notamment en une affaire concernant celui qui apporte le démenti – et, corrélativement, nier l’existence de quelque chose ou l’exactitude d’un propos. Il s’agit d’un dire rectificatif. Ce dernier aspect, négatif, ne doit pas faire oublier le premier, qui fait du démenti un acte. Acte d’infirmation. Le démenti affecte une forme négative quant au contenu de l’énoncé, mais positive et assertive, dans la mesure où il constitue un acte. Un acte de parole.  Apporter un démenti, c’est faire acte de déni.
L'énoncé « ce n'est pas moi » est de nature illocutionnaire, dans la mesure où le fait de le dire se propose pour effet de réaliser le rejet d’imputation : Puisque je vous le dis !  L'interlocuteur est stupéfait par cette audace dénégatrice tandis que l'affirmation d'innocence s'insurge contre le pré-jugé. Vous allez croire que je suis coupable et c’est parce que vous pensez d’avance que je suis coupable que, alors même que, nous le savons l’un et l’autre, je suis réellement coupable – de ce dont vous m’accusez –, je dis que non

Déni (de réalité) et affabulation

Dans son fonctionnement comme dans son expression le déni diffère beaucoup du mensonge. Le déni est complexe car il n'exclut qu'une partie de la réalité objective. Il diffère de la reconstruction délirante comme de l'invention mensongère. Le déni porte sur la perception même de l'existence de ressentis initiaux et repose sur le clivage du Moi, il est le produit d'une construction psychique. Il est un mécanisme défensif, il exclut pour ignorer. Le déni rejette une réalité externe trop crue, douloureuse et traumatique qui ne peut advenir comme représentation. Le mécanisme du déni barre l'accès pour maintenir au-dehors. Le déni est source de destructivité. Le déni est un fonctionnement psychique et non un crime ou un délit. Il ne constitue une circonstance atténuante ou aggravante que s'il a des incidences, avérées par les experts, sur le discernement de l'accusé au moment des faits. Il est un mécanisme de défense issue d'une souffrance psychique intense qui ronge discrètement. Nous n'avons pas de contrôle absolu sur notre vie, alors autant accepter l'idée d'être souvent agis à notre insu, dans nos actes, nos pensées et nos paroles. Affirmer que l'inconscient n'existe pas, parce qu'il nous dérange et nous échappe, est le mécanisme même du déni.

Le déni de réalité, comme la foi, est capable de soulever les montagnes : retourner un fait comme une crêpe, rendre les contraires compatibles, abolir les responsabilités. Grâce au déni un tir dans le dos peut être mis sur le compte du courage.
Peut-être aurait-il été bien mieux pour eux s'ils avaient été accusés. De toute évidence, il y aurait eu non-lieu, faute de preuve matérielle, et ils seraient repartis propres et aptes à poursuivre leurs recherches sans avoir à payer les services coûteux d'avocats et de relations publiques. Dans l’état actuel des choses, il semblerait qu’ils soient condamnés à perpétuité aux soupçons du public.

Mais qu’importe le réel, la vérité, ou la morale puisqu’il ne s’agit en fait, en congédiant le réel, que de se donner bonne conscience à peu de frais. Foin de la réalité, chaque argument qui tente d’y ramener, est immédiatement contré par des raisonnements qui n’ont rien à envier au complotisme le plus obtus. 

Don Quichotte est un homme qui, ayant lu trop de romans de chevalerie, décide que la fiction qu'ils racontent est plus vraie que le monde qui l'entoure. En ce sens il est l'archétype de l'homme qui prend ses désirs pour des réalités. Et, lorsque la réalité le fait chuter, loin de reconnaître son erreur et de réaliser que la réalité a eu lieu, il évoque l'"enchantement" jeté par quelque puissant mage sur le pauvre peuple ignorant, ou encore une "machination" montée contre lui.
Il arrive que le réel soit affreusement difficile à supporter. Il arrive qu'il vous colle à la peau, qu'on n'arrive pas à le maintenir à distance, qu'il soit comme un grand vide menaçant de vous absorber. La tentation est grande alors de se dire qu'il n'est qu'un leurre, que la réalité est ailleurs, que ce qui est ne doit pas être, que le réel n'a pas eu lieu. Il suffit de parler pour commencer à voir le réel se déformer, se distordre, se déliter. Peu à peu les mots s'imposent, les mots font les choses, l'idée prend le pas sur l'événement, avec une idée on peut tout faire alors que le réel résiste.  
Peu importe qu'une chose ait eu lieu, ce qui importe seulement, c’est que les autorités compétentes déclarent que cette chose a eu lieu, parce que si elles le font, alors cette chose a eu lieu, même si elle ne s'est pas produite 
Quant à la vérité… la connaître, la re-connaître tue, d’où mille stratagèmes inventés pour la maquiller, ne surtout pas la regarder en face, cette vérité dure qui finit toujours par faire la loi, même si le mensonge prévalait plus souvent qu'à son tour. 
Il est de la nature du dénégateur Don Quichotte de voir ce qu'il croit, là où Sancho ou Thomas se contentent de croire ce qu'ils voient.
Voyant ce qu'il croyait, DQ a cru ce qu'il voyait, puisqu'il n'est pas possible de désirer sans croire en la vérité de son désir. Il a pris son désir pour la réalité, et cette réalité est devenue son désir.
La dénégation comme mécanisme de défense pour écarter l'insupportable. Le déni, la fiction sécurisent alors que l'interrogation et la vue du réel tel qu'il est inquiètent. Le cerveau reptilien prend le dessus sur le cortical.
Asservir le réel, le soumettre.
Le dénégateur se ment à lui-même, ceux qui l'entourent lui mentent en suivant son modèle pour avoir la paix et le ménager, ne pas lui faire de mal. Abuser le dénégateur est facile, il suffit d'entrer dans sa dénégation.   
Le dénégateur croit que l'idée est supérieure au réel. Les idéologues/idéalistes sont des gens qui souscrivent à des idées même si ces idées sont en contradiction avec ce que nous enseigne le réel.
La vie peut durer longtemps si on est dans la dénégation, si on est dans la fiction; si on est dans la réécriture de la réalité.

Déni (le mécanisme du)
Le déni vise à protéger son auteur d’une réalité perçue comme dangereuse et destructrice. Dans une logique de survie face à un drame, le clivage assure la sauvegarde du moi. S’il protège du basculement dans la folie, ce mécanisme a néanmoins des incidences psychopathologiques, médico-légales et relationnelles majeures telles que l’impossible accès au deuil et la condamnation à l'ignorance de soi-même. 
Il est vital pour Kate MC que l'on cherche Madeleine, ne pas le faire serait dénier à MMC la possibilité de se trouver quelque part.
Dénier des faits constitue une double négation et se rapproche du désaveu ou du démenti des faits, et en allemand va jusqu'à évoquer die Verleugnung, "ce qui n'est pas arrivé, non advenu" (le mot, particulièrement abstrait, désigne cependant une attitude concrète, celle du mensonge. Cette négation, cette contestation, ce rejet fondamental porte sur la vérité, sur l'affirmation du vrai. En effet, le verbe lügen, mentir fait aussi partie de l'univers étymologique de Verleugnung.). 
Le déni est l'action de refuser la réalité d'une perception perçue comme dangereuse ou douloureuse pour le moi (les mécanismes de défense). Le déni protège le moi en mettant en question le monde extérieur, par opposition au refoulement qui effectue un travail similaire mais en faisant basculer à l'intérieur cette même réalité intolérable qui se trouve alors intégrée. Le déni engendre, lui, une absence de conflictualité, puisqu'il fait coexister au sein du moi deux affirmations incompatibles, qui se juxtaposent sans s'influencer. En prenant appui sur le clivage, il donne au moi la possibilité de vivre sur deux registres différents, mettant côte à côte, d'une part, un "savoir" et de l'autre, un "savoir-faire" infirmant ce savoir, sans lien entre les deux. On se trouve ainsi dans une sorte d'en-deçà du conflit, une suspension de tout jugement généralement effectuée face à la perception d'un manque, d'une absence, d'une perte pourtant évidents aux yeux du monde environnant.

Déontologie
Qui n'a pas, au moins une fois dans sa vie, observé la réaction de médecins au récit d'une faute d'un médecin (inconnu d'eux) . Ils semblent tous formés ou plutôt formatés à présenter un front uni.
S'il devait être prouvé que MMC était sous sédation et qu'elle en est morte, directement ou indirectement, ce qui aurait pu être évité si les parents avaient été présents, quid de la déontologie ? L'ordre garderait-il le silence ? Ou radierait-il ? Dans ce cas, même si c'était une mesure transitoire, peut-on y voir un motif pour inventer un enlèvement ?

Déposition (en général) 
Dans le système légal portugais les dépositions ne servent qu'à l'enquête et les aveux eux-mêmes sont sans valeur pour la Cour où seules les dépositions faites au cours du procès ont valeur de preuve. Il n'y eut guère d'homogénéité dans les auditions des TP, certains témoins (comme Kate MC et le couple WP) n'ayant déposé qu'une fois. Par ailleurs, stricto senso, les dépositions des MC pèchent par leurs affirmations à propos de ce que d'autres ont fait – connaissance par oui dire et non directe. Ces affirmations servent naturellement la version des faits proposée par les MC. Il n'a pas échappé au PGR, non plus, que les dépositions de Gerald et Kate MC s'expriment, dans de longs passages, avec les mêmes mots, les mêmes tournures. Il est possible que cela soit dû en partie à l'interprète, mais il est probable qu'ils aient décidé ensemble de ce qu'ils allaient dire. Une deuxième audition s'imposait puisque entre-temps avait été remise aux policiers une troisième ligne de temps, élaborée et signée par les neuf membres du groupe, certains points des premières auditions étant contredits par la ligne de temps consensuelle ou étant incohérents. Les OPJ recoururent au mode de déposition "ouvert" : le témoin parle d'abondance, on peut éventuellement lui faire préciser des détails, mais il n'est pas relancé sur ce qu'il a dit.
La seconde équipe qui prit la relève de celle de GA s'employa laborieusement – à en juger par l'épopée de la commission rogatoire – à recueillir d'autres dépositions dans l'espoir d'éliminer les inconsistances.
Quoi de mieux pour les protagonistes que la suppression de tout doute les concernant ?

Faire la part de la vérité au milieu de la confusion produite par ces non-vérités, semi-vérités et collusions d'intérêts est une tâche d'autant plus insurmontable que la voie est plus que froide. Mais il importe d'avoir à l'esprit que ces informations étaient cruciales pour suivre le plus adéquatement possible la trace de l'enfant dans les premiers jours.
La lecture du dossier divulgué par le MP oblige à remettre en question les méthodes d’investigation de la police. Ainsi de l'épisode ou JT est cachée dans un van... Rien n’apparaît dans la procédure. Par ailleurs comment rendre compte par écrit d’une hypothèse, d’une impression, d’un sentiment ? Les rapports de certains policiers, toutefois, trahissent des considérations subjectives, voire une conviction intime non fondée exclusivement sur des faits.
Enfin lire un interrogatoire, même si sont retranscrites toutes les hésitations, répétitions, etc. n'est pas comme suivre une conversation : les intonations, les cassures de la voix, l'intensité sonore sont perdues. Et comment "entendre" les silences. Et les interpréter ?
La lecture des PJFiles oblige à remettre en question les méthodes d’investigation de la police. Ainsi de l'épisode ou JT est cachée dans un van, initiative suggérée par un PO britannique, qui n'est pas mentionné dans le dossier parce qu'il est en fait illégal (dans tout tapissage, les sujets observés doivent savoir qu'ils le sont). 
Les dépositions, faites en anglais puis traduites et transposées au style indirect en condensant, sont dénuées d'impressions, de sentiments, d'hésitations, de répétitions, d'intonations inattendues, de cassures de la voix, d'intensité sonore soudaine, etc.

Désastre (judiciaire)
Quand des affaires sont instrumentalisées d’emblée par des pouvoirs constitués et antagonistes, des avocats désireux de notoriété surmédiatisées et entravées par des journalistes seulement soucieux d'augmenter les tirages en alimentant l'opinion publique, tous sans considération pour le travail, souvent colossal, des enquêteurs, le désastre judiciaire est n'est pas loin. En attestent l'affaire Dominici, l’affaire Grégory et bien d‘autres condamnées à n'être jamais élucidées, moins faute de preuves qu’en raison en premier lieu du non respect du secret de l’instruction à tous les niveaux, celle-ci devant se dérouler à charge et à décharge de bout en bout, indépendamment du statut social et de la nationalité des protagonistes. 
Lorsque qu'un cold case est en fait une affaire qui n'a jamais été classée, comme l'affaire MC, mais s'éternise d'atermoiement en atermoiement sans raison objective ni élément nouveau, comme si on espérait (y croient-ils ?) l'oubli du public à condition que l'enquête soit enterrée très discrètement sans piper mot d'un échec cuisant qui, vrai, signe non pas une incompétence mais un entêtement à ne pas vouloir prendre le taureau par les cornes.

Désinformation
Etymologie : du latin de, préfixe de cessation, et informare, façonner, former.
Désinformer signifie communiquer sciemment de l'information fausse destinée à tromper.
Synonymes : manipuler, mentir, tromper.
Ce qui distingue la désinformation de la mésinformation, c'est l'intention.
La désinformation consiste à utiliser les médias pour transmettre des informations partiellement erronées dans le but de tromper ou d'influencer l'opinion publique et de l'amener à agir dans une certaine direction.
Synonymes : information trompeuse, erronée ou fausse, infox, intox, manipulation, propagande, fabrication de consentement.
Vladimir Volkoff (1932-2005), écrivain d'origine russe, a révélé en France les mécanismes de désinformation dans son roman "Le montage" (1982). Il en donne une définition restreinte au domaine politique dans "Petite histoire de la désinformation" (1997) : "La désinformation est une manipulation de l'opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés".
Dans le cas de la propagande mise en oeuvre par un Etat, un lobby, une multinationale ou un groupe financier, la désinformation est consciente et "planifiée", mais s'exerce avec plus ou moins de complicité de la part des médias selon le niveau de démocratie ou leur degré d'indépendance.
Exemples de méthodes de désinformation :
dénaturer l'information initiale ou la présenter en ne disant qu'une partie de la vérité, celle qui va dans le sens qu'on veut défendre ou qui provoque le plus d'émotion;
donner à certaines informations une importance et un poids bien plus important que leur poids réel (désinformation par exagération ou "sur-médiatisation");
opérer des regroupements intempestifs ou illogiques, etc.;
utiliser de faux documents, etc.
La désinformation peut s'appuyer sur tous les types de médias : radio, télévision, journaux, cinéma, Internet, etc. Internet, qui est souvent présenté comme un média alternatif, susceptible de contrer la désinformation, peut aussi être un vecteur de propagande, de rumeurs ou de fausses nouvelles.
Les médias peuvent contribuer plus ou moins volontairement à la désinformation :
- autocensure,
- course à l'audimat,
- sources non vérifiées,
- informations non établies sur des faits.

Contrairement à la mésinformation, qui peut être partagée involontairement ou avec de bonnes intentions, la désinformation vise à susciter la méfiance, à déstabiliser les institutions, à discréditer les bonnes intentions, à diffamer les opposants et à délégitimer les sources de connaissances telles que la science et le journalisme.
 
"Ce n'est qu'une blague" est une tactique par laquelle les agents de désinformation utilisent des mèmes, des discours pour tourner en dérision des sujets graves, attaquer les autres, minimiser la violence ou déshumaniser, et détourner le blâme.
En cas de contestation, les agents de désinformation peuvent dire "Vous n"avez pas le sens de l'humour ?", ce qui est souvent suivi d'accusations d'être trop politiquement correct.

Chut...
La diffusion de rumeurs est une tactique par laquelle les agents de désinformation prétendent avoir un accès exclusif à des secrets qui, selon eux, sont délibérément dissimulés. Ils indiquent que vous "n'entendrez cela qu'ici" et laissent entendre que d'autres personnes ne sont pas disposées à partager la prétendue vérité - par exemple, "Les médias n'en parleront pas" ou "Le gouvernement ne veut pas que vous sachiez" et "Je ne devrais pas vous dire cela...". Mais ils n'insistent pas sur le fait que l'information doit rester secrète et encouragent au contraire à la partager - par exemple, "Faites en sorte que cela devienne viral" ou "La plupart des gens n'auront pas le courage de partager cela". Il est important de se demander comment un auteur ou un conférencier a pu obtenir de telles informations "secrètes" et quelle est sa motivation pour vous inciter à les partager.

Les gens disent
Souvent, la désinformation ne s'appuie sur aucune preuve réelle. Les agents de désinformation vont donc trouver ou inventer des personnes pour étayer leurs affirmations. Cette usurpation d'identité peut prendre plusieurs formes. Les agents de désinformation utilisent des anecdotes comme preuves, en particulier des récits sympathiques émanant de groupes vulnérables tels que les femmes ou les enfants. De même, ils peuvent diffuser le point de vue de "citoyens concernés". Ces experts profanes présentent leur identité sociale comme leur donnant l'autorité nécessaire pour s'exprimer sur un sujet : "En tant que mère...", "En tant qu'ancien combattant...", "En tant qu'officier de police ....". Les communicateurs convertis, ou les personnes qui passent prétendument de la "mauvaise" position à la "bonne", peuvent être particulièrement persuasifs, comme la femme qui s'est fait avorter mais qui l'a regretté. Souvent, ces personnes n'existent pas réellement ou peuvent être contraintes ou payées.
 
Les faux experts peuvent se présenter sous différentes formes.
Un faux expert est une personne utilisée pour son titre mais qui n'a pas d'expertise réelle.
Un pseudo-expert est quelqu'un qui prétend avoir une expertise pertinente mais qui n'a pas de formation réelle.
Un expert de pacotille est un vendu. Il a peut-être été expert à un moment donné, mais il dit aujourd'hui tout ce qui est rentable. On constate souvent que ces personnes ont soutenu d'autres affirmations douteuses - par exemple, que le fait de fumer ne provoque pas de cancer - ou qu'elles travaillent pour des instituts qui produisent régulièrement des "études" douteuses.
On parle d'expert en écho lorsque des sources de désinformation se citent mutuellement pour donner du crédit à leurs affirmations. La Chine et la Russie citent régulièrement leurs journaux respectifs.
Un expert volé est une personne qui existe, mais qui n'a pas été contactée et dont les recherches sont mal interprétées. De même, les agents de désinformation volent également la crédibilité de sources d'information connues, notamment par le biais du typosquattage, pratique qui consiste à créer un nom de domaine ressemblant étroitement à celui d'une organisation légitime.


Il s'agit d'une conspiration. Le fait que certaines conspirations, telles que MK-Ultra et le Watergate, aient été confirmées est souvent présenté comme une preuve de la validité de nouvelles conspirations infondées. Néanmoins, les agents de désinformation estiment que l'élaboration d'une conspiration est un moyen efficace de rappeler aux gens les raisons passées de se méfier des gouvernements, des scientifiques ou d'autres sources dignes de confiance.
Mais les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. N'oubliez pas que les conspirations qui ont finalement été dévoilées s'appuyaient sur des preuves - souvent issues de sources telles que des journalistes d'investigation, des scientifiques et des enquêtes gouvernementales. Méfiez-vous en particulier des conspirations qui tentent de délégitimer les institutions productrices de connaissances telles que les universités, les laboratoires de recherche, les agences gouvernementales et les organes de presse en prétendant qu'elles sont impliquées dans une opération de dissimulation.

Le bien contre le mal
La désinformation a souvent pour double objectif de donner une bonne image à son auteur et une mauvaise image à ses adversaires. La désinformation va encore plus loin en présentant les problèmes comme une bataille entre le bien et le mal, en utilisant les accusations de méchanceté pour légitimer la violence.

Êtes-vous avec nous ou contre nous ?
Une fausse dichotomie fait croire au lecteur qu'il a le choix entre deux options mutuellement exclusives : une bonne ou une mauvaise option, une bonne ou une mauvaise option, une pilule rouge ou une pilule bleue. Vous pouvez accepter leur version de la réalité ou être un idiot ou un "mouton". Il y a toujours plus d'options que celles qui sont présentées, et les questions sont rarement aussi noires et blanches. Ce n'est là qu'une des tactiques du brigadage, où les agents de désinformation cherchent à faire taire les points de vue divergents en les présentant comme le mauvais choix.

Renverser la situation
Le "Whataboutism" est une technique de désinformation pour détourner l'attention de ses propres actes répréhensibles en alléguant les actes répréhensibles des autres, vrais ou faux, mais n'ayant rien à voir avec la question concernée. Les éventuels méfaits passés d'un groupe ne signifient pas qu'il faille ignorer les méfaits actuels d'un autre groupe.
Les agents de désinformation présentent souvent leur groupe comme la partie lésée. Ils ne s'engagent dans la désinformation que parce que leur "ennemi" s'engage dans la désinformation à leur encontre ; ils n'attaquent que pour se défendre ; et leur réaction était appropriée, tandis que celle des autres était excessive. Ce type de victimisation compétitive est particulièrement répandu lorsque des groupes sont impliqués dans un conflit de longue durée.

Dans tous ces cas, l'agent de désinformation est conscient qu'il détourne l'attention, qu'il induit en erreur, qu'il trolle ou qu'il fabrique carrément. Si vous ne les croyez pas, ils veulent au moins vous faire douter de ce que vous pouvez croire, le cas échéant.

Détective privé
L'engagement par trois fois, à travers le financement du fonds, d'individus sans expérience pour rechercher Madeleine, pour ne rien dire de leur honnêteté, ne plaide guère en faveur de leur discours sur une Madeleine qui n'aurait pas souffert, donc aurait été bien traitée, donc serait trouvable.

Deuil 
Les photos des MC sortant de l'église de PDL, radieux, le jour de l'anniversaire de MMC ont fait couler beaucoup d'encre. Toutefois une chose est de perdre un enfant que la mort vous prend, une autre de perdre un enfant qui a disparu. Dans le premier cas on est censé faire ce que, depuis Freud, on appelle le "travail de deuil". Dans le second, cela est impossible. Non seulement on ne peut être en deuil, mais le plus insupportable hante votre imagination.
Il y a dans l'affaire MC une certaine tendance à imaginer Madeleine adoptée par des gens ayant toujours rêvé d'avoir un enfant blond aux yeux bleus et trop primaires pour voir que sa famille britannique est ce qu'il y a de mieux pour elle. Elle leur serait comme tombée du ciel en quelque sorte.

Deux poids deux mesures
GA pose comme conclusion (provisoire) une mort que rien ne prouve et est intimé de se taire. Les MC posent comme fait un enlèvement que rien ne prouve, mais ne sont pas intimés de se taire. L'une et l'autre affirmation bafouent le rapport du PGR qui laisse les conclusions ouvertes (même si la mort est le plus probable).

Diable
Il niche dans les détails, comme chacun sait. C'est dire que chaque indice compte, que l'insignifiant pourrait ne pas l'être, que la moindre négligence est périlleuse, que le réel a d'infinies exigences, qu'il résiste et qu'à le prendre à la légère on risque de se casser les dents. Le diable est ce qui pervertit, brouille, ravit, dissipe, disperse, détourne, subvertit, obligeant à faire et à défaire inlassablement. La justesse, la précision, l'acuité sont donc capitales lorsqu'on élabore une hypothèse. Le discrédit (le diable ?) menace à toute inattention. Ainsi – c'est un exemple –, selon une déclaration de Sky News, la nouvelle de la disparition de MMC est parvenue vers 8h, le matin suivant, à travers quelque ami ou membre de la famille. Or une rumeur a couru comme quoi les chaînes TV aient été alertées avant la police. Il est vrai que la police a été avertie exceptionnellement tard, mais il est vrai aussi que ni les parents, si convaincus de l'enlèvement, ni les TP, pourtant tous munis d'un téléphone cellulaire, n'ont appelé la police. C'est le gérant de l'OC qui a pris cette initiative.
Détournement d'attention. Ruse du diable ? 

Puisque KM était si sûre que MM ne pouvait être sortie de l'appartement, puisqu'elle était si sûre qu'on l'avait enlevée, que ne s'est-elle précipités sur un téléphone ou ait demandé à un employé du restaurant de téléphoner à la police toutes affaires cessantes. Or rien de cela n'a été fait. En dépit de persiennes perçues comme fracturées, les amis ont cherché Madeleine dans les alentours, derrières les arbres, sous les taillis, dans les fourrés.... L'appel (d'un employé de l'OC à la demande du gérant n'a eu lieu que trois-quarts d'heure plus tard. Quand on sait qu'en cas de rapt d'enfant, chaque minute est cruciale pendant les premières vingt-quatre heures, pour ne rien dire de la précarité des indices immanquablement présents sur la scène du crime, on frémit.
Il semble toutefois que le temps ait été mis à profit pour appeler la famille et les amis très proches. Sans doute était-ce psychologiquement réconfortant, voire incontournable en terre étrangère, mais quid de MMC, peut-être blessée et terrifiée dans un coin de la nuit ? 

Diagnostic (différentiel ou d'exclusion)
Le diagnostic différentiel est une méthode permettant de différencier une maladie d'autres pathologies présentent des symptômes proches ou similaires. Il s'agit de prendre en considération les éléments permettant d'exclure une maladie plutôt que ceux permettant de la confirmer. Le diagnostic différentiel peut aboutir à plusieurs hypothèses impossibles à départager à un instant donné, mais qui seront infirmées ou confirmées au cours du temps (évolution de la maladie) ou à l'aide d'examens complémentaires.
On appelle le diagnostic d'élimination ou d'exclusion, la démarche permettant d'identifier une maladie difficile à prouver, et dont le diagnostic ne peut être fait qu'après l'élimination de toutes les autres causes possibles (plus urgentes, plus graves, ou plus faciles à prouver).
Faute d'élément probant et aucune trace de présence de tiers n'ayant été décelée sur la scène de crime, l'enlèvement aurait dû être exclu. 

Dieu 
KMC n'a absolument jamais blâmé Dieu pour ce qui est arrivé et considère que Dieu est hors de cause dans la disparition de Madeleine. Bien que Dieu n'ait rien à voir dans tout ça, elle est parfois fâchée avec lui en raison des souffrances supplémentaires (probablement les rumeurs) qui "accablent les siens à un moment si douloureux et se demande pourquoi il n'a pas intercédé contré tout cela. 
(KMC, BBC Radio, 14.03.2010)
KMC, apprend-on à l'orée de ce show émotionnel, prie pour les gens qui ont pris Madeleine, les gens qui savent ce qui est arrivé à Madeleine et les gens liés à la personne qui a pris Madeleine. Altruisme, héroïsme ou pragmatisme ? Où l'on passe du spectacle à la confidence, un abîme où l'imagination est requise. Mais la police et ceux qui cherchent Madeleine ne sont pas de reste, qu'ils le croient ou non, car Kate prie pour eux. Et il n'est pas exclu qu'elle prie un jour pour le ravisseur et les siens.
L'Église songerait-elle à donner à Marie, autre mère dépossédée de son enfant, les traits de la belle Kate pour mieux propager la "bonne nouvelle" ? 
Comment interpréter que non seulement la clef de l'église de PDL mais aussi celle de l'église de Rothley aient été confiées à Kate MC qui, parce qu'évidemment il n'y a personne, peut exprimer tout ce qu'elle a dans le cœur. Voir "clef" 
Combien d'ouailles vont désirer ces symboles de l'effacement des limites entre communauté et famille, entre sphère publique et sphère privée, pour laisser aller, eux aussi, sous le seul œil divin, tout ce qui leur pèse et les dérange ?
Avoir la foi est bien, mais avoir l'église pour soi tout seul est encore mieux.
Cette clef marque symboliquement l'effacement des limites entre sphère privée et sphère publique
rédemption, auto-flagellation publique ?

Diffamation
Dire que Madeleine est morte dans l'appartement n'est pas une diffamation.
Dire que ses parents ont été "probablement impliqués dans l'escamotage de son corps" (ce que pense la PJ) n'est pas les accuser directement, mais postule qu'une telle possibilité existe, et le PGR ne dit pas le contraire. 
L'argument des MC est que si les gens pensent que Madeleine est morte, ils arrêteront de la chercher. Quels sont ces "gens" ? Le public en général ? Qu'"arrêteraient-ils" exactement de faire ? 

Dilemme (faux)
Placer quelqu’un face à un faux dilemme consiste à limiter le nombre des choix qui lui sont offerts. 
X ayant disparu d'un certain lieu fermé, Y prétend qu'on l'a enlevé tout en excluant que X ait quitté ce lieu de son plein gré. S'il s'avère finalement qu’aucun intrus n'a pu pénétrer dans le lieu où se trouvait X, qu’en déduit-on ? Que X est sorti tout seul ? C'est logique. 
Cette possibilité toutefois ayant été exclue, le soupçon se met à peser sur Y. Pourquoi ne pas avoir dit la vérité ? Si Y a nié que X ait pu sortir de son plein gré, Y devait avoir quelque chose à y gagner.
Finalement, à force de se demander pourquoi Y a tenté d’imposer la thèse de l’enlèvement, on en vient à soupçonner Y du pire. Plusieurs hypothèses pouvaient expliquer la disparition de Madeleine. Se limiter à l'une d'elles a eu des conséquences désastreuses, et pas seulement pour MMC.
Il y avait peut-être quelque chose à gagner effectivement avec la thèse de l'enlèvement. Mais ce quelque chose-là peut ne pas avoir été l'alibi d'un homicide involontaire.

Discrépance
Divergence, discordance. Rapport de deux ou plusieurs éléments qui ne sont pas en accord, en harmonie.
Les discrépances ne condamnent personne, mais ce sont des indicateurs qui ne peuvent être négligés dans une affaire d'enfant disparue. Les narrations des parents sont passées d'un appartement fermé à clef dont a disparu leur enfant, sans trace d'effraction à un appartement qu'ils avaient laissé ouvert. On ne sait si les MC ont tenté d'inclure dans leur batterie d'avocats, experts, et spécialistes de com un profiler respecté pour étayer leur position d'honnêteté. On conviendra que s'il était si évident qu'ils ne sont pas impliqués, il serait facile de trouver des tas de gens prêts à analyser et à expliquer leur comportement favorablement.

Disparition (constat) 
Vous entrez, le soir, dans un appartement situé au rez-de-chaussée où vous avez laissé vos enfants endormis. Vous n'aviez pas verrouillé la porte principale mais on ne peut l'ouvrir de l'extérieur qu'avec une clef, vous aviez laissé légèrement ouverte la porte-fenêtre donnant sur la terrasse d'où un petit escalier mène à un patio séparé de la rue par une grille sans serrure. Un de vos enfants n'est plus dans son lit. À quoi pensez-vous immédiatement ?
– Version A (la fenêtre, le volet, les doubles-rideaux de la chambre des enfants, toujours fermés, sont ouverts).
Vous n'hésitez pas, la preuve d'effraction est là : quelque intrus aura emporté votre enfant. Allez-vous chercher dans l'appartement au cas où votre enfant se serait caché ? Non, il n'y a pas de temps à perdre, il faut alerter au plus vite. Courez-vous vers le restaurant d'où vous venez et où sont vos amis, à une cinquantaine de mètres ? Non, l'horreur commence à vous envahir, sans ménager vos poumons vous hurlez "au secours" de la terrasse d'où l'on aperçoit l'esplanade, illuminée, à travers la végétation. Quel parent, face au rapt d'un de ses enfants, prendrait le risque de laisser les autres à la merci d'un ravisseur peut-être encore dans les parages en allant chercher du secours ?
– Version B (la fenêtre, le volet, les doubles-rideaux de la chambre des enfants, toujours fermés, le sont encore)
Vous pensez que l'enfant qui n'est plus dans son lit est allée dormir dans le vôtre, comme cela arrive de temps en temps. Mais comme elle n'y est pas, vous vous mettez à chercher partout. En vain. L'angoisse vous saisit à la gorge : serait-elle sortie de l'appartement ? Par la porte qui a un simple taquet ou la porte-fenêtre laissée entrouverte donnant sur la terrasse ? Vous ne pouvez chercher dehors tout seul, vous appelez à l'aide, vous criez de la terrasse, peu importe ou plutôt tant mieux si vous réveillez les voisins.
On voit l'importance cruciale du détail "fenêtre/volet/rideau ouverts ou fermés" (voir fenêtre)
On voit aussi combien il serait important pour la résolution du mystère de connaître les faits et gestes de Kate MC à partir du moment où elle s'est aperçue que Madeleine n'était plus là. C'était la première des 48 questions auxquelles elle a refusé de répondre.

Un des points fondamentaux à déterminer dans une enquête sur une personne disparue est la raison pour laquelle cette personne a disparu. Lorsque les circonstances sont suspectes ou non inexpliquées, il est recommandé aux policiers de recourir à la maxime "en cas de doute pensez au meurtre". Mais si la disparition n'était pas celle d'un être vivant mais d'un corps ? Déterminer alors la raison pour laquelle le corps a disparu.

Tout ce que l'on sait est que KMC a couru jusqu'au restaurant où étaient ses amis et qu'elle a dit "they've taken her" (ils l'ont prise) et plus tard, entendu par Pamela F notamment, "we've let her down" (on l'a abandonnée). Les MC, ils ne s'en cachent absolument pas; ont donc décidé ou diagnostiqué que leur fille avait été enlevée. Il est certes paradoxal, après avoir jugé sûr de laisser nuit après nuit leurs enfants seuls dans un appartement de location à l'étranger, que les MC aient si vite su que l'enfant manquant avait été enlevée. Kate, après avoir cherché quelques secondes (selon elle) ou 10 minutes (selon Gerald, resté à table),  est revenue délibérément seule,  laissant ses deux autres enfants sur une possible scène de crime, à la merci d'un prédateur éventuellement caché et prêt à récidiver. Il n'était même pas nécessaire de réveiller les petits et de les emmener avec elle, il suffisait de crier du balcon à la cantonnade.


Disparition (de corps)
Lorsque quelqu'un va loin pour se débarrasser d'un corps, c'est pratiquement toujours parce qu'il connaît la victime et sait qu'il risque d'être suspecté rapidement. En éloignant le corps, il espère qu'il ne sera jamais trouvé accidentellement.
Il est possible, mais non probable qu'un prédateur soit entré dans l'appartement sans laisser de trace, mais le dossier montre qu'aucun élément probant n'indique la présence dans l'appartement d'un intrus. Tout ce que SY sait, c'est que des gens ont utilisé leurs téléphones cellulaires dans PdL ou près de PdL cette nuit-là (il n'est pas possible de déterminer si quelqu'un était dans l'appartement des MC ou tout près, ni l'endroit où l'enterrement éventuel a eu lieu). 
 
Disparition (de mineur) 
Malgré les chiffres qui, de temps à autre, surgissent sur les pages des journaux, cette question est si complexe et comporte tant de facettes que nous n'avons toujours pas, en 2010, de statistiques détaillées et fiables couvrant au moins l'ensemble de l'Union européenne. Dans le meilleur des cas, certaines données sont disponibles à l'échelle nationale. À titre d'exemple, en 2005, selon les rapports de police, 1850 mineurs ont disparu en Italie et 1022 en Belgique et au RU, 4802 dossiers ont été ouverts en 2007.
Le battage et la focalisation médiatiques sur MMC ont eu pour effet pervers l'illusion que cette affaire était, sinon unique, du moins exceptionnelle. Il n'en est rien, même si chaque cas a naturellement sa spécificité. Les médias ont donc fait de MMC, non l'emblème du danger inhérent à la petite enfance, mais l'arbre qui cache la forêt. Et quelle forêt !

Selon l'organisme indépendant PACT (Parent and Abducted Children Together), un enfant disparaît toutes les cinq minutes au R-U. La majorité d’entre eux sont retrouvés dans les jours, les heures voire les minutes qui suivent. Une minorité, une cinquantaine par an, restent introuvables. Les chiffres, qui incluent fugues, enlèvements parentaux et familiaux, disparitions par accident et kidnappings, auraient doublé en une décennie. Dans la majorité des cas, l’enfant est une fille âgée en moyenne de 10 ans.

Au RU, le citoyen moyen est détecté par une caméra de surveillance environ 14 fois par jour. Là et ailleurs en Europe il est plus facile de voler un enfant qu'une voiture tant sont grandes les possibilités d'interception sur les routes avec vérification informatique de la plaque d'immatriculation. Selon Alan Blackburn du PNMPB (Police National Missing Persons Bureau), "il faut quatorze jours pour qu'un cas soit considéré comme sérieux et étiqueté "disparition à long terme". On imagine que c'est une moyenne et que certains cas apparaissent d'emblée et sans ambiguïté comme des rapts. Il n'y a pas de statistiques d'enfants égarés après être sortis de chez eux que des tiers aurait recueillis ou se seraient appropriés.

Dénégation, voile pudique, incompétence ? L'ampleur du problème a bien des chances d'être masquée et force est de reconnaître que cette question fait rarement l'objet des conversations, excepté dans le cas de Madeleine McCann dont la disparition est devenue l'arbre cachant la forêt à la suite des théories les plus farfelues élaborées sur une disparition moins mystérieuse peut-être qu'il n'y paraît. C'est qu'un terrible tabou, celui de l'industrie pedo-pornographique, est derrière. La pédophilie est devenue le grand méchant loup. Selon des données émanant d'organismes fournisseurs de cartes de crédit, plus de 250 mille Britanniques auraient accédé à des sites de pornographie infantile. Boîte de Pandore ? Opacité politiquement correcte ? Principe de précaution ?

Documentaire
Il y a trop inconsistances dans les histoires, d'un documentaire à l'autre et à l'intérieur du même documentaire pour pouvoir les mentionner sans être fastidieux.
Une partie de ces inconsistances est naturelle, une autre semble être la conséquence d'un souci primordial de ne pas être accusé de négligence. Après tant de recherches, par la PJ, par la population civile, par les différentes équipes de détectives privés, rien, aucun indice. Recherches totalement infructueuses.

Dogmatisme vs Vérité
La théorie mccannienne de l'enlèvement entre dans la catégorie du dogmatisme, péril de tout progrès car il transforme tout ce qu'il touche en objet de croyance et de vénération, paralysant l’effort de découverte qui exige une remise en question de toute vérité. Il n'est pas d'événement qui ne puisse faire l’objet de nouvelles approches.
La vérité en effet est en progression constante. C’est un processus et certainement pas un lieu que l’on pourrait atteindre, ni une clairière ou un plateau sur lequel on pourrait s’installer ; la vérité n’est pas la réalité (un espace ou une chose existant quelque part) donc on ne peut pas « y aller ». La vérité est une composition humaine. 
La science ne parvient pas à la vérité. Parce que la vérité n’est pas un lieu où l’on pourrait séjourner. La vérité n’est pas non plus quelque chose que l’on cherche à atteindre, ce n’est qu’un horizon, une perspective. En revanche, on peut admettre que la science dit la vérité, avec plus ou moins de certitude selon les domaines. Toujours est-il que par le consensus qu’elle atteint, elle peut être considérée comme fiable. Toujours plus fiable que les discours qui ne relèvent pas du rationnel et qui ne sont étayés sur aucune preuve ni aucune argumentation susceptible de recueillir l’unanimité de la communauté des savants et des hommes de bonne foi.  (Christian Delacampagne).
La conclusion, ce n'est pas la vérité, c'est une question, une autre question. La méthode scientifique est vérifiable, manipulable (introduction variables) et réfutable (encore faut-il argumenter). Alors que le dogme est irréfutable : vous me croyez, sinon vous serez excommunié, ré-éduqué, torturé etc.

Dommages
Comment peut-on jauger si un livre a empêché des témoins de se manifester ? Le fait que personne ne se présente avec un indice pouvant mener à Madeleine prouve-t-il que le livre est un empêcheur de se présenter en rond ou que personne ne détient un tel indice ? Le dernier détective privé engagé par les MC a déclaré que Madeleine se trouvait dans une tanière perdue au milieu d'une étendue sauvage dans un rayon d'une quinzaine de km de PDL. Une position aussi catégorique convainc plus sûrement que le mystère est pratiquement résolu plutôt qu'elle n'incite à libérer sa conscience. En tout cas le reste de la planète, se le tenant pour dit, cesserait d'apercevoir Madeleine MC partout.
Or il n'en est rien et chaque nouveau portrait-robot publié déclenche une cascade d'appels. Comment les MC savent-ils que ces appels proviennent de gens qui n'ont pas lu le livre de GA ? Quelqu'un découvrant, par hasard, un indice de vie se tairait-il uniquement parce que le livre de GA envisage la mort de Madeleine comme probable ?
Si j'accuse X de A et puis me prends à ajouter B, C, D etc. Si B, C, D etc. sont réfutés, la plupart des gens penseront que X doit être innocent de A.
Si quelqu'un m'accuse de A, et si alors je dis que pour que ce soit vrai il faut aussi que je sois coupable de B, C, D etc., et ensuite démontre la fausseté de B, C, D etc. sauf A, je me déclare innocent par défaut.
On voit beaucoup de raisonnements de ce genre dans les déclarations des MC préparées par leur spin doctor. On ne peut pas dire qu'ils mentent, mais ils semblent éviter de répondre à la question posée.
Ils se sont d'abord lentement, mais sûrement, habitués à la réalité qu'ils étaient en train de construire. L'un des avantages était qu'ainsi ils ne pensaient pas trop à la mort de Madeleine, les médias les entouraient et il fallait leur faire face.
Quand ils ont commencé à réaliser que leur narration d'enlèvement était sans issue, ils se sont assurés d'un bouc émissaire qui leur permettrait de respirer en paix. Gonçalo Amaral, avec l'affaire Joana sur les épaules, fut une grande opportunité. 
Les ennuis arrivèrent quand le livre de GA traversa les frontières portugaises, car il développait une théorie complètement opposée à la leur : pas vivante, mais morte. Les MC se projetèrent dans l'avenir et se demandèrent ce que les jumeaux, une fois adolescents, allaient penser. Que répondraient-ils s'ils leur demandaient "Madeleine serait-elle encore avec nous si nous n'avions pas été laissés seuls ?" ? Peut-être, mais pas sûrement, car le ravisseur aurait pu entrer quand nous étions tous en train de dormir... Leur innocence devait donc être très solidement établie et pour ce faire il fallait faire taire GA définitivement. 

Don
Si la compassion joue à fond au départ et incite les gens à la générosité, lorsque l'affaire est refroidie, qu'est-ce qui pousse les gens à faire des dons ? Surtout après les révélations de la Commission Leveson à propos de certaines pressions médiatiques exercées sur le gouvernement pour maintenir l'affaire "au chaud". Mais qu'en sait le citoyen moyen, celui qui n'a pas songé à blâmer la négligence des parents mais s'est concentré sur la seule disparition ? Croit-il réellement que la petite fille puisse être encore en vie ? La décision du premier ministre Cameron d'envoyer une trentaine de policiers de SY faire une révision de l'affaire a-t-elle conforté cette croyance ? En est-il ici comme de toutes les croyances : on n'y renonce pas de gaieté de coeur ? Quel poids ont eu les campagnes lancées par les MC ?

Données (Transmission internationale de)
C'est la prérogative d'un pays recevant une demande de données concernant un citoyen de ce pays de refuser. GA rapporte dans son livre que les autorités britanniques n'ont pas fourni à la PJ les informations qu'elle avait demandées. L'une de ces informations était d'ordre financier.
Lorsqu'il examine des demandes de mesures coercitives, le secrétaire d'État doit prendre en compte la nécessité et la proportionnalité, dixit Frances Kennah.

Doute 
Comme parents les MC seront toujours plus ou moins en cause, indépendamment des rumeurs ou de la vérité. La disparition de MMC est une histoire vivante à cause du livre de GA, du procès, des passages réguliers sur les plateaux TV, des tabloids toujours prêts à sauter sur le plus improbable signalement, à cause de M*, à cause de la révision ordonnée par le PM, à cause des millions d'euros dépensés sans aucun résultat,... et parce que Madeleine n'a pas été retrouvée. Si le livre de GA n'avait pas été écrit, si le doute sur leur innocence n'avait été que rampant, si Clarence Mitchell ne tenait pas à sa réputation d'excellence en fait de relations publiques, si M* ne se vendait pas bien, peut-être que les MC auraient reculé vers le fond de la scène. Ils ont fini par le faire lorsqu'ils ont perdu l'action contre GA.
Pourquoi continuer à occuper le devant de la scène ?
Ou bien, vous sachant innocent, vous devez chercher votre enfant le plus publiquement possible.
Ou bien, sachant que votre enfant n'a pas été enlevé mais voulant qu'on le croie car c'est la seule hypothèse où vous êtes innocent, il vous faut adopter le comportement du parent innocent, autrement dit être perçu le plus publiquement possible comme recherchant cet enfant.
C'est ce double versant qui rend la situation inédite. D'abord les médias ont été courtisés énormément dès les premiers jours, pendant des semaines, des mois, des années. 
Rester dans l'œil du public a des bénéfices marginaux, ça fait affluer l'argent, ça vous rend puissant.

Doute (raisonnable) 
Prouver l’innocence au-delà de tout doute est presque impossible, c'est pourquoi il est précisé "de tout doute raisonnable". La seule façon de faire est d'avoir un alibi étanche, comme être très loin de la scène de crime à l'heure du crime.

Dans l'affaire MC aucun des protagonistes ne détient un alibi étanche. Le fait qu'aucune force de police n'enquête sur eux ne signifie pas qu'ils sont hors de cause, simplement qu'ils ne sont pas en examen.
Jusqu'à ce que les forces de police découvrent un ou des coupables au-delà de tout doute raisonnable, il sera impossible de prouver quel est le crime (en l'absence de corps), qui l'a commis et qui donc n'en a commis aucun ...
L'absence de preuve que quelqu'un a commis un crime ne prouve pas que cette personne ne l'a pas commis. Mais si par exemple il est prouvé que cette personne se trouvait ailleurs à l'heure du crime, alors elle n'a pas pu commettre le crime.
Une chose est de se méfier d'individus que les médias se plaisent à encenser ou à victimiser, une autre est de découvrir que les soupçons étaient fondés et que ces êtres n'étaient pas innocents. La réalité n'en est pas moins un choc dont l'évidence explique que cette réalité puisse être envisagée avec une certaine incrédulité. Imagine-t-on ce qu'est la montée du doute ? Des gens qui passent pour vos amis ont-ils bien dit la vérité ? Plus le soupçon se développe, plus le seul refuge possible semble être le rejet et la neutralité. Faiblesse, lâcheté, égoïsme... ? Ou humain , trop humain ?

Doxa MC (la)
Madeleine aurait été enlevée de l'appartement pendant que son père était dans la rue FGM, devant la grille du patio, en train de bavarder avec un partenaire de tennis, JW, vers 21:15. Jane TB, qui en remontant la rue FGM, venait de dépasser GMC et JW, a vu un homme portant un enfant sur ses bras étendus traverser le haut de la rue. Les médias ont adopté cette version de la disparition sans sourciller, influençant, en partie par l'unanimité (en fait copié collé), beaucoup de ceux qui suivaient l'affaire. 
Problèmes : 
1) JW n'est pas capable de dire quand a eu lieu cette conversation, il donne une fourchette d'une demi-heure (entre 20:45 et 21:15 ?). Autre problème, GMC change de version : il a traversé la rue. Enfin JT voit trois hommes, Tannerman, GMC et JW, mais aucun de ces hommes ne la voit.
2) On ne peut suggérer que Madeleine pourrait avoir été enlevée avant 21:10 sans impliquer que son père a menti. Cette version implique la présence du ravisseur dans l'appartement avant l'arrivée de GMC vers 21h05 qui l'obligea à se cacher.

La doxa "enlèvement" est fondée sur la raison (Madeleine s'est volatilisée) et sur la foi (quelqu'un l'a prise). Crois ou meurs
Madeleine a été enlevée, c'est le premier commandement. N'imaginez aucune autre hypothèse, c'est le second. A-t-on besoin de cet impératif pour réagir si l'on rencontre un enfant mal traité ? Est-on encore au Moyen Âge où il fallait croire sans questionner, sans critiquer, sans réfléchir, ce que les puissants édictaient et décrétaient comme la vérité, sous peine de se trouver dans de mauvais draps ? Certaines firmes d'avocats, Carter-Ruck pour ne pas le citer, se comportent aujourd'hui comme d'antan l'Inquisition : ils censurent les livres et mettent financièrement le couteau sur la gorge de ceux qui ne plient pas.

Drame
Les MC se sont disputés. Kate n'avait probablement pas aimé que Gerald invite à leur table la pulpeuse dame du quiz. Elle quitta le restaurant et téléphona de l'appartement à une amie pendant une vingtaine de minutes. Elle retourna ensuite au restaurant, vers 22h30. C'est alors que, selon Pamela F, une enfant commença à pleurer. La voix de sa mère avait-elle réveillé Madeleine ? Madeleine pleura et appela son père en vain, elle avait sûrement vu que ses parents n'étaient pas là. S'endormait-elle dans le lit de ses parents ? Si elle était dans son lit, elle s'était sûrement levée pour aller se réfugier dans la chambre des parents.
Il est probable que c'est la dispute, prolongée le lendemain et expliquant pourquoi Kate avait dormi dans la chambre des enfants, qui a motivé l'effacement des conversations de la mémoire du téléphone cellulaire.
Spéculons ! La dispute est une explication plus raisonnable du gommage des appels téléphoniques que l'organisation de l'élimination d'un cadavre.
En d'autres termes, les McCann voudraient-ils que la police sache que Kate avait perdu son sang-froid à un point tel que sa fille avait appelé son père pendant plus d'une heure?

Droits (de l'homme)
Les droits de l'homme comme la liberté d'expression sont d'abord des pratiques sociales qui ne peuvent être interdites et donnent accès au politique. Les droits de l'homme ne sont jamais les droits du seul individu, ils ouvrent un espace trans-individuel, ce sont des droits aux relations sociales.
La liberté d'expression n'est pas pour parler seul devant son miroir dans la salle de bain, c'est pour communiquer, entrer en relation avec d'autres. On perd cette dimension si on réduit la liberté d'expression (par exemple) au droit d'un individu soucieux de son seul intérêt.
Les MC ont mis beaucoup en avant leurs droits (ne serait-ce qu'à travers leurs chargés de com et avocats), mais les enfants ont aussi des droits. Les articles 3 et 18 de la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant indiquent clairement que le bien-être de l'enfant doit toujours être la priorité absolue.

Droit au silence
Le droit au silence peut être considéré comme un droit d’importation, directement inspiré de la procédure accusatoire américaine reposant sur l'égalité des positions de l'accusation et de la défense. Sa justification est moins évidente dans un système inquisitoire où enquête préliminaire et instruction se font à charge et à décharge. Cette situation explique pourquoi son implantation durable dans notre système juridique a été difficile. La pression constante de la Cour européenne des droits de l'homme, qui le considère comme un élément du droit au procès équitable, a joué un rôle important. Le Conseil constitutionnel, dans une décision rendue sur QPC le 30 juillet 2010 a également considéré qu'il faisait partie des droits de la défense et s'imposait dès le début de la garde à vue. L'article 63-1 du code de procédure pénale confère donc à la personne placée en garde à vue "le droit, lors des auditions (...) de faire des déclarations, de répondre aux questions posées ou de se taire".
L'avocat de Kate MC a sans doute trop insisté sur les bienfaits du droit au silence, sans en peser le coût pour l'investigation sur la disparition de la fille de sa cliente; comme si il n'avait pas exclu que cette dernière avait quelque chose à se reprocher.